Antoine Galoubet est un écrivain sans succès qui vient dans
un énième salon du livre, faire la promotion de son dixième roman, Une saison dans les ténèbres. Les
clients ne se pressent pas, en revanche, c’est la cohue devant le stand de sa
voisine, la très médiatique Anémie Lothomb. En rentrant chez lui, Galoubet
aperçoit sur le bord de la route la voiture d’Anémie, abandonnée. Il y découvre
le corps sans vie de l’écrivaine. L’affaire pourrait s’arrêter là, mais
Galoubet charge le corps d’Anémie dans sa propre voiture et se retrouve donc
flanqué d’un cadavre très encombrant, avant d’avoir pris le temps d’y
réfléchir. Il s’en suit une valse folle de quiproquos, accusations,
dissimulations, manipulations. Galoubet congèle, réchauffe, enterre, déterre,
et se prend finalement d’une affection post mortem pour cette femme qui jusqu’à
peu symbolisait l’échec de sa carrière. Et pour cause ! Vivante, elle
était sa ruine, morte, elle sera l’instrument de son triomphe !
Les romans de JP Gattégno parlent volontiers de l’écriture,
et celui-ci n’échappe pas à la règle. Qu’est-ce que cela signifie « être
un écrivain ? » L’écrivain est-il celui qui écrit ou celui dont on
parle ? Où s’arrête le rôle des médias ? Où commence la
responsabilité du lecteur ?
Tout le talent de l’auteur est justement de faire émerger
ces questions à partir d’une intrigue totalement foldingue et de personnages
qui pourraient bien se sentir des affinités avec la lectrice du Misery de Stephen King, ou les bras
cassés flamboyants de Pierre Siniac. Le métier d’écrivain serait-il un métier
dangereux ?
On est ici au cœur du sujet, mais Gattégno n’en fait pas une
thèse. Il pose des questions, l’air de ne pas y toucher, et surtout, il déroule
une intrigue désopilante et débridée, extrêmement cinématographique, et nous
prend au piège de cette histoire folle.
Lecteur aussi, c’est un métier à risque !
Jean-Pierre Gattégno, J’ai tué Anémie Lothomb, Calmann-Lévy
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